Les 2 Afriques

Publié le par Le Gros Loulou

 Sans trop savoir par quel hasard, je me suis retrouvée sur la rive droite de la rue Mademoiselle, j’ai d’abord été attirée par le bazar du coin. Une de ces boutiques où l’on trouve tout type de bricoles dont on a rien à faire, comme des lampes à huile dorées où des fleurs délicatement peintes avec de belles couleurs vives sur le pied attisent notre sensibilité au design. Les piles de rouleaux de Sopalin en vitrine, mêlées à la collection de poêles Téfal dernier cri, j’ai eu une envie subite de ne pas faire de bonnes affaires chez « c’2 euro »aujourd’hui ! Ma lampe attendra… J’ai alors préféré consacrer mon attention sur l’autruche échelle 2, réalisée en métal et récupération de ferrailles en tout genre, qui était en train de brouter dans sa savane reconstituée sur le trottoir avec quelques plantes vertes desséchées. Enfin, c’est surtout la curiosité d’entrer dans une galerie d’art contemporain africain qui m’a intéressée. En premier lieu, notez que c’est entrée libre, c'est-à-dire que j’ai finalement conclu ma  bonne affaire du jour ! Alors en entrant, c’est un peu le désert au milieu des œuvres, y a pas un chat, on entend à peine les responsables discuter au fond de la petite salle, «Ouais, alors t’as envoyé un mail à machin ?». C’est alors que je commence à me pencher sur les oeuvres devant moi. Au rez-de-chaussée, la superficie n’est pas bien grande, différents artistes sont exposés, les œuvres de chacun se mélangent ; on a le sentiment de voyager entre les aquarelles de médina, la mise en scène d’un parcours de tour de France en matériaux de récupération (bouchons plastiques, tissus locaux,…), autres sculptures en métal… Après avoir lu les fiches d’identités de chaque artistes, on descend au sous sol pour la suite de l’exposition, tout en essayant de ne pas trop faire grincer le parquet.Au sous-sol, je commence à entendre des « plic–plocs » irréguliers, moi qui aime les vidéos dans les expos. Je suis le bruit et mon oreille attentive me mène devant la porte des toilettes: ambiance intime ! Je poursuis ma visite pour ne pas avoir l’air d’une espionne qui écoute aux portes! Dans un couloir étroit je découvre les photos de Malick Sidibe photographe malien, a exposé ses travaux en noir et blanc à la fondation Cartier en 1994, prix Hasselbad en 2003 ; il a réalisé une série de photos de femmes (noires ou blanches) vues de dos, ce sont des mises en scènes où le fond et le sol sont ornés de tissus à formes géométriques se mêlant avec les vêtements du modèle. Le jeu sur les frontières plus ou moins délimitées entre le modèle et son espace m’a beaucoup séduite; puis de retour à l’étage que je m’étais empressée de traverser par curiosité instinctive de vouloir découvrir ce qui est le plus loin de moi, je regarde de plus près ces aquarelles de médina; de loin et en clignant d’un œil, on dirait plutôt une série de tâches rectangulaires autour d’une palette aux couleurs terreuses, ocres, gris, rouges argileux,…mais en s’approchant on découvre avec quelle vérité l’ambiance de ces grandes villes d’Afrique est illustrée, c'est-à-dire que des voitures très schématisées à l’encre de chine vont prendre tout une dimensions de désordre grâce aux incisions de la plume, en dévalant les dédales de maisons d’où s’échappent des jeunes garçons courant après leur ballon de foot. Voilà deux artistes parmi 21 exposés qui décrivent justement ces deux Afriques, thème de l’exposition, avec un regard très contemporain là où l’on pourrait vulgairement n’imaginer que des masques anciens, objets culinaires en bois, de l’Afrique abusivement dite primitive. « 2 Afrique » est  une exposition qui ravit ses visiteurs, nombreux à laisser une empreinte sur le livre d’or à la sortie. Un détour émouvant et débordant de fraîcheur…

2 AFRIQUES,

Jusqu’au 31 décembre 2005, Musée des Arts derniers, 105 Rue Mademoiselle, Paris 15°

Rantamplan

 

 

 

Publié dans Arts Plastiques

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