GERARD RANCINAN

Publié le par Le Gros Loulou

Gérard Rincinan élabore un travail de photographie sur le thème des faits divers. Loin de la photographie documentaire, il revendique pourtant la véracité des cas qu’il met en scène. Mais sa recherche de plasticité fait davantage de ses images des icônes macabres. Choisissant des affaires sanglantes qui ont marquée l' histoire contemporaine du crime, il travaille ensuite en studio, assisté de décorateurs, spécialistes en effets spéciaux et maquilleurs. Ces éléments de composition sont des cadavres, foetus, agencés d’une manière très théâtrale. L'espace, suggéré par des bâches en plastique, nous projette dans un univers chirurgical, ou torture, sexe, politique et religion se rencontrent. Des corps blafards, amputés, portant souvent des piercings, ensanglantés, sont présentés dans une scénographie rudimentaire: des frigos, des tables, des croix, des cordes. Le criminel est présent ou suggéré dans le cadrage de l’image.Visiblement, l’artiste cherche à heurter notre sensibilité, à provoquer notre indignation. On pense à l' oeuvre de Joel Peter WITHKIN, qui organise lui aussi des scènes morbides ou la sexualité et la mort se voisinent étroitement, dans des clichés noirs et blancs retravaillés. En faible concurrent, G. RINCINAN délaisse le travail de l’image au développement, pour ne se porter que sur le sujet. Sous prétexte de faire de la photographie plasticienne, orchestrée, il semble oublier un questionnement de fond sur la fascination morbide (dont il est lui-même simple victime), propre à l’être humain. Il se laisse tristement prendre au jeu de vulgairement "montrer", trop montrer, en accumulant les artifices. Mais au fond, le fait divers est-il plus que cela: agitateur, attiseur d’une curiosité malsaine? Peut-être aurait-on voulu qu'il assume son statut d’artiste et nous révèle une vérité au -delà de l’illustration. Quelques références font de ses images des caricatures: une drapeau des USA, déposé avec une fausse négligence bien au centre d’une composition, manifeste lourdement l’antiaméricanisme actuel. Le sang, utilisé "à gogo", macule au hasard tout ce qu’il peut, "pour faire plus vrai". Peut-on à ce point pousser la représentation de l’horreur, en la déguisant d'un langage plastique hypocrite et grossier ? La tendance actuelle dans les Arts Plastiques, visuels et théâtraux à vouloir atteindre la limite du supportable ne va-t-elle jamais s’épuiser? S’agit-il encore d’art cathartique? Ou d’un jeu creux et gratuit ? On en vient à croire que la nouveauté n'a plus rien à  puiser ailleurs que dans l’extrémisme injustifié. Le travail de RANCINAN en est une démonstration : des icônes sanguinolentes et gratuites. En somme, une histoire de tripailles un peu propre, par souci de faire de " belles images".

 

 

 

Galerie Rabouan MOUSSION

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