Il fait beau au Carré Ste Anne

Publié le par Le Gros Loulou

Cette fois-ci, ce sont les parapluies qui s'installent au Carré Ste Anne à Montpellier. En effet, une centaine d'artistes allemands présentent à l'église leurs travaux sur parapluies pour une exposition intitulée "Il Fait Beau". Mais avant de s'arrêter sur ce petit événement, faisons un « état des lieux » : construit au 13e siècle, l'édifice sera détruit pendant les guerres de religion, restauré, il sera reconstruit ou réparé jusqu'à trois fois pour ouvrir définitivement dans les années 80. En 1992 une association se crée, le 'Nouveau Ste Anne' afin que le quartier redevienne un des pôles culturels majeurs de la ville; la place de l'église est remodelée, ses abords rénovés, une fontaine en forme de champignon moussu est installée pour en faire une des plus jolies places de Montpellier. L'église est réhabilitée, vérifiée et consolidée. Désacralisée, elle devient alors une galerie municipale: le Carré Ste Anne, proposant donc des expositions temporaires, de la biennale des jeunes créateurs européens aux artistes indépendants, en passant par la première biennale internationale d'art contemporain chinois, ou encore des regroupements d'artistes comme pour le cas de "Il Fait Beau", sélectionnés pour leur renom et /ou leur travail. Mais le plus intéressant est que les oeuvres choisies doivent être en harmonie avec l'intérieur de l'église: couleurs, installations, matériaux utilisés... Prenons le cas des 200 parapluies de nos artistes allemands: leur utilité et leur symbolique visent à une protection de la pluie ou des responsabilités, rapprochement par rapport à la protection que l'église invoque. Le parapluie est le symbole d'une vie tranquille et paisible du bourgeois du 19e siècle, le parallèle peut être fait concernant le sentiment de quiétude et d'apaisement éprouvé au sein de l'édifice religieux. Il y a aussi ce rapport de l'objet fragile, ridicule au regard des forces de la nature et la Grandeur du lieu même qui par essence nous rapproche -par la foi ou pas- de la force absolue. Le Carré Ste Anne nous impressionne de l'extérieur car il est visible de tous les horizons, une masse presque froide dont la qualité des sculptures nous interpelle, mais l'intérieur nous surprendra encore plus, quand on assiste en entrant à l'opposition entre la petitesse des oeuvres face à l'immensité de l'espace. Non, le lieu n'est pas du tout mal investi si l'on pense à certains musées d'art contemporain parisiens, seulement l'atmosphère au Carré Ste Anne est si particulière que l'on ne peut que se laisser porter par les jeux et rappels de couleurs. Le blanc immaculé des parapluies décorés, éparpillés au sol suggère une naïveté et la perte de l'être dans l'infiniment grand. Les couleurs des dessins -presque faciles-, les motifs répétés, ne sont que des allusions aux végétaux peints sur les piliers de l'église, ou l'inverse peut être. Les vitraux se retrouvent dans les tâches rouges, bleues, vertes ou jaunes habilement jetées et parfois ponctuées de noir.

D'autres parapluies illuminés sont suspendus grands ouverts tels des anges volant au-dessus de nos têtes. Par le lieu et la réappropriation de l'objet, l'exposition revêt la dimension céleste du parapluie, symbole datant déjà du Moyen-âge... On déambule entre les oeuvres comme on ferait une apaisante promenade dans un jardin botanique, dans la fraîcheur de l'église, le parapluie se regarde seul, quand on note qu'une bordure orange fait penser au liseré du haut des colonnes semi engagées, ou dans la globalité de l'installation lorsqu'au moindre rayon de soleil les vitraux se reflètent sur les murs, en même temps que les parapluies deviennent translucides et laissent leurs couleurs rendre la lumière. En sortant de là, on se rend compte que l'on a respiré une bonne bouffée d'air, et que sûrement le lieu y est pour beaucoup. Le Carré Ste Anne est une belle alliance entre le style gothique de l'église, et la volonté de faire découvrir au public montpelliérain l'art contemporain.

Carré Sainte Anne

13 Octobre au 16 Novembre 2005.

Entrée libre.

 

Toutounette

 

 

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